Le Catalyseur d’imaginaires urbains a accueilli le 24 août l’atelier « Une Babel universiTerre », organisée par Myriam Suchet, professeure au département de Littérature et Linguistique Françaises et Latines de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Madame Suchet est l’auteure, entre autres, du livre L’imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues, où elle réfléchit sur le caractère multiple de la langue.
Les participants de l’atelier ont été invités à ouvrir les sens pour essayer de saisir les nuances de l’espace où l’activité a eu lieu. D’entrée de jeu, tous se sont réunis pour salir les mains ensemble et préparer une limonade à partir de produits frais et locaux. Pour couper l’acidité, on s’est servi du miel produit sur place.
Ensuite, Nicole Lattuca, dont le travail est lié aux arts, à l’architecture et à la création de nouveaux espaces de débat, a conduit les participants à l’intérieur du Mont Réel pour une expérience sensorielle. Il a été question d’essayer de creuser la superficialité de nos impressions, de découvrir l’hétérogénéité des textures, de distinguer les différents bruits qui arrivaient à nos oreilles. Un exercice qui a vraiment permis d’étendre la portée de notre perception, et ainsi, provoquer un rapport nouveau avec l’espace environnant.
Ayant les yeux fermés pendant cette expérience, nous nous sommes rendu compte des limitations de notre façon habituelle de saisir ce qui est autour, et de la grande quantité d’information que le toucher et l’ouïe reçoivent sans qu’on l’utilise. « On peut penser à ce qu’on perd lorsqu’on utilise la vision, tous les détails qui nous échappent », a dit Nicole Lattuca. « Je pense à comment cet exercice peut se traduire dans une forme de savoir inscrit dans le corps, comment nous pouvons apprendre d’une autre manière, moins basée sur la vision ».
En mettant l’accent sur notre présence à l’intérieur d’une structure en bois montée de toute pièce, Myriam Suchet a souligné que l’expérience a permis de penser non seulement à la fragmentation des informations que l’on reçoit, mais aussi aux moyens par lesquels l’on génère le volume autour pour pouvoir en faire un ensemble.
L’activité suivante a été dirigée dans le conteneur polyvalent par Dominic Hardy, professeur au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). L’idée était de reproduire sur une table la perception du lieu que nous occupions, et ce, à partir de matériaux variés comme du papier, de la soie, du plastique, des rubans, des ficelles, ou tout ce que chacun aurait envie d’utiliser, même des pierres.
« N’ayez pas peur de prendre toute la place que vous voulez, parce que nous avons de matériaux translucides, donc nous espaces peuvent se superposer », a conseillé Monsieur Hardy. « Il ne faut pas hésiter à suivre le mouvement qui vous intéresse. »
À la fin de l’activité, chacun avait laissé sur la table une impression différente sur l’espace. À travers l’improbable assemblage de plusieurs morceaux d’indiscipline créative, chacun avait laissé une partie de soi dans une œuvre collective exhortant l’université à rompre ses barrières et à établir continuellement des ponts avec ce qui l’entoure.
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